Exercice Ebola : 3 questions à Gisèle Bendjelloul, superviseur REB

Jeudi 29 Décembre 2022
G Bendjelloul est cadre supérieur de santé en prévention du risque infectieux à l'ESR Bichat (AP-HP)

1/ De quel exercice parle-t-on ?
En contexte d'épidémie d'Ebola en Ouganda, rappelant les enjeux de la préparation des ESR en France, l'ARS Ile-de-France a organisé le 24 novembre 2022 un exercice REB simulant l'arrivée en France d'une famille (2 adultes et 1 enfant) infectée par la maladie à virus Ebola, depuis l'aéroport du Bourget. Trois lieux d'arrivée étaient concernés pour tester les procédures : l'hôpital Bégin (Service de Santé des Armées) pour 1 adulte, l'hôpital Necker / AP-HP (pédiatrie) pour l'enfant, et l'hôpital Bichat / AP-HP pour l'accueil du deuxième patient adulte. Les équipes de la BSPP (brigade des sapeurs-pompiers de Paris), et des SAMU 94 et SAMU 75 étaient associées à la préparation. L'exercice était conçu pour s'arrêter à la porte de l'hôpital, mais l'ESR REB Bichat a souhaité tester l'accueil et la prise en charge au sein du service des maladies infectieuses.

2/ Comment s'est déroulée la simulation ?
L'exercice s'est déroulé l'après-midi, de 13h à 18h. Certains acteurs de l'hôpital Bichat étaient au courant de la date de l'exercice afin de préparer la simulation. Une réunion de préparation, à l'initiative de l'ARS, a eu lieu en amont, impliquant l'aéroport du Bourget, les équipes de transport et les services cliniques concernés par la prise en charge de ces patients infectés par la maladie à virus Ebola. L'exercice visait principalement à tester les modalités de transport, et les services cliniques avaient été invités à prendre part à l'exercice en poursuivant la prise en charge du patient dans leurs locaux. Le jour-même, la séquence transports a bien été testée mais les procédures de l'hôpital Bichat, n'ont pu être que partiellement évaluées, faute de coordination anticipée entre préhospitalier et intra-hospitalier. Ainsi, les équipes intra hospitalières ont dû simuler l'appel du SAMU pour permettre le déclenchement de l'alerte, ce qui a entraîné une mise en oeuvre tardive de la préparation de la chambre REB et compliqué la collaboration avec l'équipe en charge du transport. La simulation a montré des acquis fragiles chez une équipe jeune de superviseurs, observés à travers la nécessité de se reporter régulièrement à la procédure. L'exercice a mis en avant le besoin de réfléchir avec les équipes du pré-hospitalier à des procédures communes afin de fluidifier et sécuriser le parcours des patients.

3/ Que peut-on en retenir pour l'organisation d'exercices futurs ?
Pour que la simulation fonctionne, il est nécessaire de s'assurer que le périmètre de l'exercice soit bien défini, en incluant très en amont tous les acteurs du circuit patient. La question de l'articulation est majeure, notamment en termes d'hygiène, entre le préhospitalier (qui travaille avec des établissements différents) et l'intra-hospitalier (chaque établissement d'accueil ayant ses propres procédures). Suite à l'exercice, un retex (retour d'expérience) a été réalisé avec tous les acteurs du jour J et une proposition d'amélioration a été faite : réaliser conjointement avec le SAMU une fiche par établissement d'accueil, avec un plan du circuit patient et les personnes à joindre. En attendant des procédures harmonisées, il serait utile qu'a minima, les équipes se rencontrent et se connaissent. Côté formation, avec un turnover important, une réflexion est menée à Bichat pour un programme de simulation (pour les superviseurs) sur de petites séquences, par exemple une demi-journée par mois, incluant des exercices de simulation dans les chambres REB disponibles. Une autre piste serait des exercices sur table, ou encore de tester individuellement chaque étape des procédures (sécurité, chambre mortuaire, etc.).